20 Mai 2020
A prononcer "chichiwa"= mot dominicain désignant un cerf volant.
En cette période si spéciale d'Etat d'urgence et de "distanciation sociale" (pour nous, celà durera jusqu'au 1er juin, pour le moment), les dominicains ont rivalisé d'inventivité pour passer les journées.
Une fois le soir venu, quand le soleil est moins fort et la chaleur moins insupportable, nombreux ont été ceux qui sont montés sur leurs toits pour faire voler un cerf volant. Surtout pas dans les rues, car nous avions un couvre feu à partir de 17 h (qui est depuis lundi passé à 19h).
Faire voler une chichigua est une pratique très courante ici, et surtout le 27 février, jour de l'Indépendance Nationale.
Il était fréquent de voir des personnes en faire voler tout au long de l'année, mais avec la vague d'ennui que nous a amené le COVID-19, cette activité est de nouveau très à la mode.
Une chichigua, ce sont des bâtons de bois disposés en croix (dont certains ont profité de la situation pour augmenter les prix de vente) et un sac plastique du supermarché (et oui, ici on nous donne encore des sacs lors des courses), une queue en tissus (ou en moustiquaire), du fil (très très long) et une bouteille vide qui servira d'enrouloir/dérouloir, et parfois une lame de rasoir pour pouvoir aller couper les fils des chichiguas des voisins. Dans la journée, on fabrique un ou plusieurs modèles (couleurs et dessins en fonction des goûts de chacun) pour être prêt au moment ou la sirène des pompiers annoncera le couvre feu (10 minutes avant l'heure fatidique).
L'objectif est d'avoir le cerf volant qui vole le plus haut, ou qui vole le plus longtemps possible (certains les attachent sur le toit et le laissent voler).
Si on regarde vers le ciel. on peut observer comme une "course" de cerfs volants, certains qui dépassent d'autres, l'autre qui reprend la "pole position". Parfois, on se fait accrocher par une autre chichigua, ou on tombe, victime d'une lame de rasoir...
Si le jeu parait bon enfant, il peut être aussi dramatique.
Ce week end, un jeune homme a perdu la vie sous les coups de couteau de la personne à qui il a "volé" un cerf volant.
La retombée des cerfs volants sur les cables et circuits électriques a provoqué la mise hors service de nombreuses lignes de transmission (d'ailleurs dans mon quartier, nous avons eu un incendie sur un circuit la semaine dernière et une coupure qui a duré plus de 12 heures). Il y a eu aussi plusieurs morts par électrocution...
Pour celà l'Institut Dominicain de l'Aviation Civile a fait savoir que pour faire voler une chichigua, il faudrait dorénavant un permis. Une bonne blague dans un pays ou la loi a du mal à être respectée!
Un de mes voisins en pleine fabrication...